Les instances dirigeantes du football
Le 26/03/2023
Depuis la fin du XIXème siècle, le football ne cesse de grandir et de prendre de l’importance. Avec ce développement très rapide, un besoin d’encadrement est survenu. Création de ligue national, la LFP (Ligue de Football Professionnel) en France, créée en 1946 ou encore la FA (Football Association) en Angleterre, fondé en 1863, et bien d’autres. Cependant, une fois que ces ligues nationales furent créées et que le football se professionnalisait par la même occasion, un besoin d’encadrement aux niveaux continental et international vit le jour dans le but de réaliser des compétitions internationales à la fois entre sélections et entre clubs. Penchons-nous sur ces instances dirigeantes qui contrôlent le football mondial.
Avant de commencer, il est bon de savoir que même si les confédérations s’organisent selon les continents que nous connaissons, des différences peuvent exister. Prenons le cas du Kazakhstan qui, bien qu’étant pays reconnu comme asiatique, a fait le choix, en 2002, de rejoindre la confédération européenne de football, choix possible du fait que 10 % du territoire kazakh serait en Europe et que, étant anciennement république d’URSS, les joueurs kazakhs avaient par le passé joué en Europe par la sélection soviétique.
L’AFC, Confédération de Football Asiatique, instance de grands en devenir
Fondé en 1954, l’AFC encadre les équipes asiatiques allant de la Chine au Timor oriental en passant par Taïwan, ou plutôt, Taipei chinois. Elle ne possède cependant que quelques équipes des anciennes républiques soviétiques, la plupart se tournant vers l’UEFA, en Europe, sur lequel nous reviendrons, tout comme Israël. Elle nait à Manille aux Philippines, du souhait de douze pays : l’Afghanistan, la Birmanie, la Chine, Hong-Kong, l’Inde, l’Indonésie, le Japon, la Corée du Sud, le Pakistan, les Philippines, Singapour et le Viêt Nam lors des seconds Jeux Asiatiques semblables aux Jeux Olympiques mais où seuls les pays d’Asie peuvent participer.
L’AFC possède 47 membres. Elle siège à Kuala Lumpur en Malaisie, son président étant Salman bin Ebrahim Al Khalifa, dirigeant sportif important du Bahreïn. Auteure de la Coupe d’Asie des nations, équivalentes de l’Euro de football ainsi que de l’AFC Ligue des Champions semblable à la Ligue des Champions dites de l’UEFA.
Elle est l’une des confédérations qui progresse le plus, à la fois sportivement et financièrement. En effet, avec le développement accéléré des pays asiatiques, de nombreux fonds sont alloués par ceux-ci à leurs équipes nationales en vue de concurrencer les sélections européennes et sud-américaines dominant le monde du football. Cela se traduit par de meilleurs nombres d’audiences lors de chaque compétition et par la réussite des équipes dans la grande Coupe du Monde, arrivant de plus en plus à se rapprocher, pas encore de la finale, mais des demi-finales. La Chine, le Japon ou encore le Qatar sont de parfait exemple de ce développement, le choix de faire une Coupe du Monde au Qatar n’est pas anodin. Avec ce développement, de plus en plus de spectateurs devraient se tourner vers l’Orient même si un long chemin reste encore à faire pour concurrencer les meilleurs.
La CAF, Confédération Africaine de Football, entre belle histoire et corruption
Elle apparait en 1957 après que, un an plus tôt, l’Egypte, le Soudan, l’Afrique du Sud et l’Ethiopie s’entendirent pour créer une association. Elle regroupe l’ensemble des pays du continent africain ainsi que la sélection de La Réunion, département français mais ayant une certaine indépendance sportive. Il existe 6 zones dans cette confédération, correspondant à la répartition géographique des pays. Permettant ainsi de limiter les coûts de déplacement lors des matchs à élimination d’une grande compétition : le Bénin (Zone 3) ne peut pas rencontrer le Gabon (Zone 4) lors des tours préliminaires.
56 sélections y sont affiliées. La CAF siège à la Ville du 6 Octobre en Egypte, son président est Patrice Motsepe, homme d’affaires sud-africain. Ses principales compétitions sont la Coupe d’Afrique des Nations, équivalant de l’Euro ainsi que la Ligue des Champions de la CAF, très importante en Afrique, dans lequel dominent les clubs égyptiens tels que Al Ahly SC et Zamalek SC.
Nombreux sont les scandales au sein de la CAF. Des matchs truqués dans la plupart des pays, une oppression des supporteurs, scandant souvent des chants à caractère politique durant les matchs, ou encore des âges qui sont faussés lors des transferts avec les clubs étrangers, un joueur ayant 30 ans en Afrique peut se retrouver à n’en avoir que 20 lors de son transfert, permettant aux clubs africains de vendre plus cher. Cela va même jusque dans la nomination du président de la fédération soupçonné d’être aidé, lors de son élection en 2021, par la FIFA, sur lequel nous reviendrons, son président, ayant besoin des voix africaines pour sa réélection en 2023. Mais il n’y a pas que du mauvais dans la CAF. Nombreux y sont les joueurs de talent, les ambiances folles mais un vrai développement footballistique du Berceau de l’Humanité, ne sera possible qu’en mettant, dans un premier temps, fin à la corruption.
La Concacaf, Confédération de football d’Amérique du Nord, d’Amérique centrale et des Caraïbes, toute-puissance du Mexique et des Etats-Unis
Cette confédération est créée en 1961 de la fusion des confédérations nord et centre américaine de football et de l’association caribéenne de football.
Elle compte 41 sélections et est basée à Miami aux Etats-Unis. Son président est Victor Montagliani, homme d’affaires Canadien et travaillant dans le monde du football depuis 2005. Les principales compétitions sont la Gold Cup équivalent de l’Euro de Football ainsi que la Ligue des Champions de la Concacaf où les clubs du Mexique et des Etats-Unis se partagent le trophée depuis près de 20 ans.
Il s’agit de l’une des confédérations les plus faibles, n’ayant que le Mexique, les Etats-Unis et à moindre mesure le Canada pour rivaliser avec les plus grands. De même du côté des clubs. Il fut une époque où tout club de la région pouvait prétendre au titre de la Ligue des Champions de la Concacaf, comme les clubs du Guatemala ou encore de Curaçao, mais avec le développement des clubs des Etats-Unis cela est devenu impossible. Seuls les clubs mexicains, qui ont toujours dominés dans la région et donc les clubs des Etats-Unis ont une chance de l’emporter.
Là où du côté de l’AFC et de la CAF, les perspectives de développement étaient assez encourageantes, pour la CONCACAF cela est différent. N’oublions pas que la plupart des pays de cette région ne compte pas parmi les plus riches de la planète et qu’ils font face aux géants mexicains, américains et canadiens dans ce domaine. Le Canada qui de son côté ne vient à peine que de créer son propre tournoi, n’ont pas championnat, en 2008, que ces équipes restent assez faibles et que ses trois meilleurs clubs jouent en MLS, le championnat des Etats-Unis. Un développement qui est donc lent et qui devrait encore l’être pendant plusieurs années pour le football du Nouveau Monde.
La Conmebol, Confédération sud-américaine de football, là où le football est roi
Elle est fondée en 1916 par l’Argentine, l’Uruguay, le Brésil et le Chili. Il s’agit de la confédération avec le moins de membres, n’en comptant que 10 mais pas des moindres. Il y a donc l’Argentine, le Brésil, l’Uruguay mais aussi le Pérou ou encore la Colombie fournissant nombre de talents à ce noble sport. Ces membres font aussi d’elle la confédération avec le plus de titres internationaux juste derrière l’UEFA.
Elle siège à Luque au Paraguay, d’où est aussi originaire son président Alejandro Dominguez, homme travaillant dans le milieu du football depuis quelques années. Son Euro se nomme Copa America et sa Ligue des Champions, Copa Libertadores dans laquelle les clubs brésiliens dominent, l’érigeant comme récompense suprême.
Il s’agit donc d’une confédération puissante ayant accueilli la première Coupe du Monde, en 1930, au sein de l’Uruguay, qui en est sorti vainqueur. Elle possède des clubs forts, des ambiances folles, une passion exacerbée mais avec tout de même quelques problèmes financiers. Si les équipes brésiliennes font de la Copa Libertadores un objectif important c’est avant dû aux gains engrangés en cas de victoire. Il y a par ailleurs, un léger déclin des résultats qu’obtiennent les sélections notamment en Coupe du Monde mais cela ne devrait être que passager et l’Amérique du Sud, d’où provient des noms tels que Maradona, Ronaldinho ou encore Messi devrait pouvoir corriger d’ici quelques compétitions ces mauvais résultats et sur le plan financier, un développement des clubs est envisageable d’ici quelques années.
L’OFC, Confédération de football d’Océanie, l’invisible
Il s’agit de la confédération la plus jeune, ayant vu le jour en 1966 de l’association de l’Australie, la Nouvelle-Zélande, la Papouasie-Nouvelle-Guinée ainsi que les Iles Fidji. On y retrouve les équipes du continent océanien, à l’exception notable de l’Australie, ayant rejoint l’AFC en 2006 et les îles du Pacifique.
Elle siège à Auckland en Nouvelle-Zélande et Lambert Maltock, né au Vanuatu, travaillant depuis de nombreuses années dans le monde du football, y est président. La Coupe d’Océanie de football et la Ligue des Champions de l’OFC sont ses principales compétitions.
Peu d’intérêt est porté sur l’OFC, confédération ne comprenant que des membres mineurs du monde du football. Elle ne possède, par ailleurs, aucun accès direct à la Coupe du Monde. Là ou dans tout autre confédération, un tournoi est organisé permettant de désigner qui seront les représentants de la confédération, en Océanie les équipes passent par une double campagne de qualifications dont ils ne ressort pas vainqueurs faisant d’eux, des invisibles aux yeux du monde. A ce jour, seules la Nouvelle-Zélande et l’Australie, quand ils étaient encore membres, se sont qualifiées pour une Coupe du Monde, en 1974, et 2006 pour l’Australie et en 1982 et 2010 pour la Nouvelle-Zélande. Cela fait donc deux éditions consécutives qu’aucune équipe Océanienne n’a participé à une Coupe du Monde. Un développement est une force qui est donc à l’image de ses membres, petite.
L’UEFA, Union des associations européenne de football, la place des meilleurs
En 1954, la ville de Bâle, en Suisse, voit naitre l’UEFA, « Groupe des associations européennes » à l’époque. Répondant à un besoin de ralliement pour développer le football et le professionnaliser en Europe. Issu du souhait d’hommes influents du monde du football européen, notamment des Italiens, quatre personnes ont eu un impact important pour favoriser sa création : Crahay, un Belge, Barassi, un Italien, Delaunay, un Français et Rous, un Anglais, sachant que ce dernier soutien est très important, étant apporté par le secrétaire général de la FA, fédération connue pour son isolationnisme. L’UEFA va rapidement rassembler toute l'Europe en son sein et permettre un développement accru de son football déjà bien en avance sur les autres.
Son siège est à Nyon, en Suisse. Son président est Aleksander Ceferin, avocat Slovène, commençant sa carrière dans le football au sein de la fédération de son pays à partir de 2005. L’Euro de football est l’une des compétitions continentales les plus regardées, tout comme la Ligue des Champions devançant, et de loin, en niveau et en audience, les autres Ligues des Champions.
L’UEFA comporte les meilleures sélections de la planète. Allant du berceau du football, l’Angleterre, en passant par les derniers champions du monde comme l’Allemagne ou la France. Il y a, parmi les dix premiers du classement FIFA, classement des sélections faites par l’instance dirigeante du football mondial, sur laquelle nous reviendrons, huit sélections européennes. Cette domination passe aussi par les clubs avec la Coupe du Monde des Clubs, compétition où concourent les gagnants des différentes Ligue des Champions, dans laquelle, depuis 2013, seuls des clubs européens sont titrés
Tous les joueurs du monde rêvent d’avoir un jour la possibilité de jouer en Europe même si le niveau reste assez inégal au sein de la confédération. En effet, les clubs les plus forts se trouvent en Europe de l’Ouest, avec des clubs plus riches, dans des pays plus reconnus qu’à l’Est. Si l’hégémonie footballistique du Vieux Continent n’est pas près de décliner, son développement reste axé sur une partie de son territoire et face à des confédérations en constant progrès comme l’AFC ou encore la Conmebol qui exploite l’ensemble de ses membres, l’« Eldorado» footballistique pourrait, peut-être, changer de continent.
La ConIFA, Confédération des associations de football indépendantes, miroir de l’Histoire
Créée en 2013, la ConIFA est une confédération unique en son genre. Elle regroupe des fédérations au statut culturel, historique et politique particulier. On y retrouve l’équipe de Québec, de l’Ile de Pâques, d’Hawaï, de Sardaigne, d’Occitanie, du Tibet, d’Abkhazie, de Chypre du Nord ou encore de l’équipe à caractère national de Monaco et bien d’autres. Nous pourrions même nous attendre à retrouver des équipes de pays ou d’empires disparus comme Babylone. Elle compte 63 membres, siège à Lulea en Suède et a pour président, un ancien arbitre professionnel suédois, Per-Anders Blind. Ces équipes ne sont donc pas des Etats comme nous avons pu le voir avec les autres confédérations mais ce sont des régions, des provinces presque autonomes ou des zones géographiques qui historiquement cherchent à fonder un état indépendant comme avec le Kurdistan.
Ces sélections ne participent pas à la Coupe du Monde de la Fifa mais la ConIFA organise une Coupe du Monde entre ses sélections et ce depuis 2014. Le dernier gagnant fut la Ruthénie subcarpathique, en 2018, région géographique montagneuse se situant entre la Slovaquie, l’Ukraine et la Pologne face à Chypre du Nord, région de l’ile de Chypre, envahit par la Turquie en 1974 et reconnue uniquement par ce dit pays.
D’autres compétitions continentales sont réalisées comme la Coupe d’Europe de Football ConIFA et les équivalents africain et américain depuis peu.
La FIFA, Fédération internationale de football association, l’être suprême
Fondé en 1904 par les fédérations allemande, belge, danoise, espagnole, française, hollandaise, suédoise et suisse de football à Paris, il s’agit de la fédération sportive la plus puissante au monde. La FIFA est créée sous l’impulsion de Robert Guérin, un Français, journaliste, homme politique et homme important du monde du sport. La FIFA va très vite s’imposer comme seule fédération capable de rassembler l’ensemble des équipes nationales du monde et va ainsi pouvoir organiser des évènements de plus en plus importants. La Coupe du Monde de la FIFA en est le parfait exemple. Jules Rimet, homme politique et lui aussi membre important du football français, souhaite prendre exemple sur les Jeux Olympiques pour réaliser une compétition qui éblouirait le monde et mettrait en avant le football, ce qu’il réussira avec brio, avec cette compétition.
Elle compte 211 membres. Son siège est un Zurich, en Suisse et son président est Gianni Infantino, juriste italo-suisse. Ses principales compétitions sont donc la Coupe du Monde, la Coupe du Monde des moins de 20 ans et 17 ans, et elle coorganise les tournois olympiques de football.
Si la puissance de la FIFA n’est plus à démontrer et que son glorieux passé fait d’elle une fédération respectée, depuis quelques années tout cela est entaché. Des affaires de corruption qui éclatent un peu partout, une domination de plus en plus forte au sein de l’ensemble des fédérations et confédérations faisant que plus les années passent, plus la puissance de la FIFA augmente. Nous avons pu voir que le président de la CAF a pratiquement été nommé par la FIFA, cela se répète dans d’autres confédérations faisant que là où le football semble très décentralisé, il n’en est en fait rien, Zurich prend de nombreuses décisions seules.
Les fans sont aussi passés sous silence, comme avec l’ensemble des changements visant à réformer la Coupe du Monde, là faisant passer de 32 à 48 équipes qualifiées pour le tournoi final d’ici quelques années, et à une périodicité de 2 ans. Des réformes importantes qui auront un grand impact sur ce que l’on pourrait décrire comme la « consommation du football », pour lesquelles les joueurs, les fans et bien d’autres acteurs n’ont pas été consultés.
Cependant, ces réformes ont évidemment un but, traduisant du réel souhait de la FIFA. S’il y a plus d’équipes et plus de compétitions, alors il y a plus d’argent et c’est là que réside le problème. Le football génère beaucoup d’argent et la FIFA, de fait de son statut, en récupère de nombreux pourcentages.
Ainsi, si la FIFA est extrêmement puissante et prend donc de nombreuses décisions importantes pour la planète football, cela se fait souvent au détriment des acteurs de ce sport et des fans au nom de l’argent, régissant, malheureusement, beaucoup trop ce noble sport.