Le gaspillage dans la mode mythe ou réalité ?
Le 15/12/2021
LE GASPILLAGE DANS LA MODE MYTHE OU REALITE ?
Les fameux invendus de la saison dernière ne seraient-ils pas tout simplement jetés dans de vilains sacs en plastique noir ? De la soie mélangée à des épluchures, quel tableau convaincant ! Et pourtant…
Nous connaissons tous les périodes de soldes qui sont sensées permettre d’écouler les invendus de saison à moindre prix. Avouons même que nous les attendons ! On repère avec minutie les vêtements qui plaisent et patiemment on attend que le prix chute pour se précipiter et procéder à l’achat. Si l’on imagine aisément la scène dans un magasin de vêtements ordinaires difficile de l’imaginer chez Dior !
En effet, pour certaines grandes maisons, solder un article c'est le dévaloriser. Ce serait remettre en cause tout le travail qui a précédé sa conception. C’est un des problèmes que rencontrent les grandes maisons de luxe comme Vuitton, Chanel, Hermès...
Comment ces maisons font-elles face aux conséquences économiques de cette décision ? Rien de plus facile : elles ont inventé un nouveau langage ! Des subterfuges ont vu le jour permettant de vendre sans pour cela utiliser le mot SOLDES. Ainsi a-t-on vu apparaître le concept de « soldes privées » pour des clientes qui se sentent alors privilégiées ! De la client(e) ordinaire, on passe à « l’élu(e) » qui reçoit une invitation personnalisée pour venir faire du shopping sur des créneaux horaires particuliers.
Autre technique : les ventes à destination du personnel de ces maisons de luxe. Les salariés ont ainsi l’opportunité d’accéder à la marque onéreuse tout en devenant publicité vivante. Et en prime le sentiment pour la marque de faire un geste non négligeable pour les salariés.
Une autre stratégie consiste à s’adresser à des magasins de déstockage afin d’écouler les invendus des saisons précédentes...
Cependant au risque de choquer certains d’entre vous, la solution la plus utilisée du secteur demeure la destruction de la marchandise.
Burberry, la fameuse marque britannique aux tailleurs et imperméables indémodables, a renoncé à la destruction de ses invendus, suite à un article choc paru en juillet 2018 dans la presse britannique, où l'on apprenait que la marque procédait à une destruction systématique de ses invendus textiles et cosmétiques.
Les médias dénoncent et ils ne sont pas les seuls ! Certains grands couturiers n’hésitent pas à critiquer ouvertement et publiquement leurs semblables. Jean-Paul Gauthier en est un exemple emblématique ! En effet lors d’une interview accordée à la BBC le créateur s’est insurgé : « Les gros groupes font de plus en plus de collections, de nouvelles collections. Avec énormément de vêtements. C’est absolument ridicule (…) Certaines personnes détruisent les vêtements, ils les brûlent. C’est scandaleux ».
Ces comportements ne sauraient se poursuivre au regard des démarches écologiques vers lesquelles nous devons tendre. L’étude d’une loi anti-gaspillage dans le secteur du textile est en réflexion. Quel encadrement pour cette loi ? L'article 6 du projet de loi stipule que « les producteurs, importateurs et distributeurs de produits non alimentaires sont tenus de réemployer, de réutiliser ou de recycler leurs invendus » néanmoins le texte n'affirme pas le principe d'interdiction de la destruction des produits invendus. Il favorise simplement le recyclage. C’est un premier pas qui ne saurait être suffisant.
Le gouvernement souhaite fin 2021 intégrer une filière de recyclage au sein des maisons de luxe et fin 2023 l’étendre aux industries du textile en général. L’étude de cette loi et de ses aboutissants a été accélérée avec l’exposition médiatique en une des journaux de ce gaspillage continuel. Les internautes se révoltent davantage sur twitter, et invitent joyeusement les boycottages de certaines maisons de luxe. Burberry a d’ailleurs fait les frais de cet emballement médiatique en 2018. Un coup difficile à encaisser pour la marque qui pour autant ne s’est pas laissée impressionnée.
Ce sujet est particulièrement sensible pour l’industrie de la mode qui préfère taire les dessous des beaux défilés et rester discrète sur l’après collection. « Si le luxe continue à nous faire rêver, c'est aussi qu'il répond aux plus hautes exigences, comme celle de la sauvegarde de notre planète » nous dit Thibault de la Rivière, directeur dans l’industrie du luxe.
Ce gaspillage n’est pas un mythe et participe même à la dégradation de notre climat fragile. Pousser la création au-delà de l’instant du défilé et envisager toute la suite de la vie des vêtements est un enjeu à explorer pour l’industrie de luxe.
En outre par cet article j’aimerais vous rappeler l’importance de ne pas consommer en surplus. Il existe des plateformes accessibles à tous comme VINTED, qui permettent un accès libre et sans engament. Vous pouvez acquérir des habits ayant déjà eu une vie au préalable à un prix des plus intéressants tout en étant de qualité. Pour les fans de chaussures, une mine d’or s’offre à vous !
aZ