L'histoire des élections
Le 21/03/2022
Les élections représentent un choix ou une désignation d’une ou plusieurs personnes par le vote.
Aujourd’hui, les élections représentent des pratiques démocratiques dont on peut déduire deux conséquences. Tout d’abord, la démocratie est principalement définie par l’élection libre et concurrentielle. Ensuite, les élus bénéficient d’une forte légitimité pour profiter des avantages que cela implique sous réserve que les règles électorales ont été respectées.
Cependant, il n’en a pas toujours été ainsi. Le nombre de variétés des pratiques de l’élection ont changé depuis l’Antiquité où elle fait son apparition.
A Athènes, au Vème siècle avant J-C, la plupart des postes de magistrat étaient accessibles par tirage au sort au sein de l’Assemblée du peuple ( Ekklèsia), il en valait de même pour les membres du conseil (Boulé) et pour les héliastes parmi lesquels étaient recrutés les membres des tribunaux populaires (Dikastèria). Seuls les magistrats, une centaine environ, étaient élus. Ces élections s’expliquent selon Bernard Manin (philosophe français) car le tirage au sort était considéré par les anciens Grecs comme le mode de désignation le plus démocratique. Pour les Grecs de l’Antiquité, il était primordial d’assurer une rotation des postes, chacun devait être à la fois gouvernant et gouverné. Or, la liberté d’élire implique aussi celle de réélire et la tentation de perpétuer à travers le mécanisme de l’élection une magistrature personnelle.
Le tirage au sort est symboliquement associé à la démocratie athénienne, cependant, celui-ci s’est longtemps maintenu. On le retrouve dans les Républiques italiennes du Moyen-Âge et de la Renaissance. Il a fallu l'arrivée de Napoléon Bonaparte pour que Venise y renonce en 1797. Quant à l’élection, c’est son usage dans la Rome antique qui explique que les cités italiennes aient conservé si longtemps cette pratique.
Les ordres religieux ont contribué à perpétuer et développer au Moyen-Age les savoir-faire qui constituent les bases des formes de délibération et d’élections modernes. Le principe cardinal des élections médiévales est l’unanimité. L’élection est aussi un moment où la communauté d’électeurs fait corps autour de la désignation d’un de ses membres à des fonctions dirigeantes. L’unanimité ainsi suscitée traduit une manière de faire corps qui caractérisera toutes les élections jusqu’au XVIIème siècle.
A la fin toute fin du XVIIIème siècle, le passage de réunions collégiales, où l’on est au sein de son ordre, à des assemblées locales définies dans le cadre d’un territoire et selon un principe égalitaire rend possible les premières nominations électives. Puisqu’elles respectent les formes de l’élection et de la décision majoritaire, les nominations ainsi effectuées sont bien électives et impliquent un minimum de concurrence entre ces candidats. Mais, ces nominations sont aussi une manière de ratifier des autorités sociales évidentes.
Ces nominations électives se transforment par la suite en élections libres et concurrentielles à la fin du XIXème siècle. Comme ces élections libres et concurrentielles sont le fondement de la démocratie, celles-ci sont encore pratiquées dans ce régime politique.