Une coupe du monde au cœur des polémiques
Le 05/12/2022
La Coupe du monde de football 2022 est la 22e édition du championnat des meilleures sélections nationales de football. La compétition organisée par la FIFA se déroule au Qatar du 20 novembre au 18 décembre 2022.
Si la coupe du monde au Qatar est au cœur des polémiques c’est pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, en raison de l'aberration écologique des stades climatisés à ciel ouvert. C’est la première fois que le tournoi se déroule en hiver en raison du climat et des trop fortes chaleurs lors des mois où se déroule habituellement la compétition c’est-à-dire en juin et en juillet, où les températures peuvent avoisiner les 50 degrés. Toutefois, même en hiver, il fait toujours très chaud. Les stades où se dérouleront les matchs seront climatisés. Saud Abdulaziz Abdul Ghani, l’ingénieur qui a développé la technologie de ces climatisations assure qu’elle est « 40% plus durable que les techniques existantes ». De nombreux panneaux solaires sont installés pour alimenter cette climatisation. D’ailleurs, volontairement, il n’y a pas de brevet qui protège cette technologie.
De même, le Qatar n’avait pas les stades nécessaires pour accueillir un tel événement. De fait, ils ont construit plusieurs stades uniquement pour cette période et seront démontés à l’issue du tournoi. L'impact écologique de leur construction ne sera donc pas amorti dans le temps. Ces infrastructures sont très proches car elles sont bâties dans un rayon de 15 km au sein de l'agglomération de Doha. Pour les organisateurs, c’est un atout puisque les déplacements des spectateurs seront réduits. Cependant, en réalité, il n’y a pas assez d’hôtels pour accueillir cet afflux de supporters. Ainsi, nombre d’entre eux résideront dans les États voisins. Des navettes quotidiennes permettront aux personnes de se rendre au Qatar. Chaque jour, 160 vols sont prévus.
Selon un rapport de la Fifa publié en juin 2021, la Coupe du monde au Qatar devrait générer 3,63 millions de tonnes de dioxyde de carbone.
Puis, selon The Guardian, depuis dix ans, 6 500 travailleurs migrants, originaires le plus souvent d’Afrique et d’Asie, sont morts sur les chantiers au Qatar. Ainsi, on dénombrerait 12 morts par semaine. Le Qatar annonce lui "seulement" 37 décès. Selon l'OIT (Organisation International du Travail), ces ouvriers travaillaient dans tous les secteurs comme le bâtiment, la sécurité, l'entretien, dans des conditions très pénibles. Il est difficile de donner des statistiques puisque le Qatar n’est pas transparent sur les causes des décès. L’ONG Amnesty International révèle que dans 70% des cas de décès, les causes ne sont pas déterminées. Les ouvriers meurent jeunes entre 30 et 40 ans. Dans son rapport l’ONG prend pour exemple Manjur Kha Pathan, qui est conducteur de camion. Il travaillait entre 12 et 13 heures par jour. La climatisation de sa cabine dysfonctionnait. Il a donc perdu connaissance dans son camion.
Face aux critiques, de nouvelles mesures sont entrées en vigueur ces dernier mois. Les conditions de travail se sont légèrement améliorées avec l'instauration d'un salaire minimum, des tranches horaires réduites en été et plus adaptées à la chaleur ainsi que de meilleurs logements. En septembre 2020, le Qatar a aboli la kafala pour les travailleurs migrants. Ce système permettait au patron d'avoir les pleins pouvoirs sur ses employés, en confisquant leurs passeports, et leur interdisant de changer de travail sans son autorisation écrite. Sur le terrain, cette pratique serait toujours d’actualité. La présidente d’Amnesty International dénonçait un mondial constitué « d’un petit peu de sport, d’énormément d’argent, et des violations massives des droits humains ».
Par conséquent, diverses personnalités ont décidé de boycotter la compétition c’est-à-dire de refuser de visionner les matchs comme l’ancien international français Éric Cantona, l’ex-footballeur allemand Philipp Lahm qui refuse de se rendre au Qatar. Pour l’acteur français Vincent Lindon, « Aujourd'hui, on se laisse dévorer par l'argent rouge de sang.". Aussi, plusieurs villes et communes s’opposent à cet évènement en décidant de ne pas installer d’écrans géants comme à Lyon, Paris, Reims… Enfin, de nombreux internautes s‘indigent de l’organisation de la compétition et appellent au boycott avec le hashtag #BoycottQatar2022.
Tiago
Sources :
https://information.tv5monde.com/video/le-mondial-au-qatar-ou-les-dessous-de-l-esclavage-moderne